Essai de la Rieju Nuuk Urban : que vaut cette moto espagnole 100% électrique ?
Spécialisée dans les petites motos de 50 cm3, la marque Rieju se lance dans l’aventure électrique avec le Nuuk. Un engin au style déjanté doté d'un moteur électrique de 15 ch avec deux batteries lithium-ion amovibles. Une nouvelle alternative anti-bouchon accessible avec le permis auto.
par Maxime Fontanier 22 Nov 2018 10:00
On aime
- Style décalé
- Autonomie correcte
- Maniabilité et agrément de conduite
- Accélérations vives
On n'aime pas
- Finition légère
- La qualité des pneumatiques
- Pas d'ABS
- Selle étroite et ferme
- Tarif élevé même avec le bonus
- Sifflements du moteur et de la chaîne
Verdict
Parfaitement adapté aux trajets urbains, le Nuuk urban offre des performances convaincantes, une autonomie correcte et une partie cycle bien équilibrée. Son tarif de 6099 €, bonus écologique inclus, demeure cependant trop élevé au regard de sa finition dépouillée et de son manque d’équipements.
Moteur | électrique synchrone |
Puissance | 10,5 kW (14,3 ch) |
Couple à la roue | 245 Nm |
Vitesse maxi | 100 km/h |
Poids | 130 kg |
Hauteur de selle | 785 mm |
Capacité des batteries | 4,8 kWh |
Autonomie | entre 60 et 100 km |
Prix | 6999 € (hors bonus) en 10,5 kW et 5999 € en version 4 kW |
Lors de sa présentation au Mondial de la Moto 2018, le Rieju Nuuk nous a cloué sur place. Avec son look dépouillé et son architecture unique, ce nouveau deux roues 100% électrique du constructeur catalan n’a pas d’équivalent sur le marché actuellement. Sa position de conduite réglable s’apparente à celle d’une moto mais sa transmission automatique et son moteur situé sur le bras oscillant le rapprochent plutôt d’un scooter.
Durant notre essai dans les rues de Paris, nous avons été interpellé à plusieurs reprises par des automobilistes ou des motards de tous âges. « C’est électrique ? ça marche bien ? Combien d’autonomie ? ». Voici toutes les réponses.
6 raisons de craquer (ou pas) pour le Rieju Nuuk Urban
Oui, pour sa maniabilité et sa réactivité en ville
Avec seulement 130 kg et des batteries intégrées près du sol au centre de son cadre, le Rieju Nuuk Urban offre un excellent équilibre et une maniabilité exemplaire. Son court rayon de braquage et son cadre fin permettent de se faufiler dans les endroits les plus escarpés.
Grâce à ses grandes roues et son amortissement efficace, le Nuuk filtre bien les chocs et conserve une excellente tenue de cap sur chaussée dégradée. Lors des phases de freinage, l’engin maintient son assiette sans plonger vers l’avant. La partie cycle ne mérite donc que des éloges même si pour 7000 € nous aurions souhaité disposer de réglages de la fourche et du combiné arrière.

Non, pour l’absence d’ABS et d’antipatinage.
Doté de deux disques de frein et d’un étrier avant à fixation radiale et 4 pistons, le Rieju Nuuk Urban offre assez de mordant et autorise de courtes distances d’arrêt sur le sec. La présence d’un répartiteur avant arrière évite de bloquer trop prématurément la roue arrière.
Mais l’absence d’ABS reste difficile à accepter sur un deux roues à ce prix, d’autant que la monte pneumatique de marque Mitas n’inspire pas confiance sur le mouillé. Faute d’antipatinage, il faudra aussi éviter « d’ouvrir les watts » à fond en mode Boost sur chaussée humide.

Oui, pour ses performances bien adaptées à un usage urbain et péri-urbain
Avec 245 Nm de couple disponible immédiatement et une transmission automatique, le Nuuk laisse sur place les grosses cylindrées sur les 10 premiers mètres. Une réactivité aussi amusante que sécurisante au quotidien. Très réactif sur le 0 à 50 km/h (en 3,9 s selon Rieju), le Nuuk atteint facilement 85 km/h et peut afficher 109 km/h au compteur (soit 99 km/h au GPS). Du moins sur le plat et sans vent défavorable. Car comme la plupart des véhicules électriques de faible puissance, le Nuuk n’apprécie pas les côtes trop inclinées où il peine à dépasser les 50 km/h.
Pour profiter de toute la vigueur du moteur Bosch de 15 ch, il est nécessaire d’utiliser le mode Boost. Le mode GO plus économique, limite le couple au démarrage et bride la vitesse à 65 km/h pour préserver l’autonomie. Le mode intermédiaire Cruise est un peu plus réactif et repousse le limiteur à 85 km/h.
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Oui, pour son autonomie suffisante pour un deux roues urbain
Lors de notre essai sur Paris et en proche banlieue, nous avons pu parcourir 60 km sans se priver avec l’accélérateur et en empruntant des voies rapides. Il est donc tout à fait envisageable d’effectuer 100 km en centre urbain sur le mode GO. Le refroidissement de la batterie par air se montre un peu juste pour effectuer de longs trajets à pleine charge.
Une fois arrivé à destination, il faut parfois attendre que les batteries refroidissent avant de pouvoir les recharger. Les deux accumulateurs au lithium-ion de 2,4 kWh peuvent s’extraire individuellement de chaque côté du véhicule. Mais ils sont lourds (15 kg chacun) et l’ouverture des deux trappes à serrure assez fastidieuse. La prise de branchement un peu courte nécessite d’utiliser une rallonge. Une charge pleine nécessite 5 heures sur une prise classique (moins de 4 kW et 16A), mais peut se limiter à une 1h30 sur une prise de 20A grâce au chargeur intégré.
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Non, pour le bruit de sa chaîne et sa selle trop étroite
Rieju a opté pour une transmission finale par chaîne afin d’offrir une meilleure réactivité à l’accélération et une plus longue durée de vie qu’une courroie. Mais elle devra tôt ou tard être graissée, retendue et remplacée. Cette chaine génère en outre un bruit strident qui s’ajoute au sifflement du moteur électrique. Pratique pour se faire entendre des piétons mais fatiguant sur longs parcours ! Le confort d’utilisation est aussi affecté par la selle trop étroite et pas assez rembourrée.

Non, pour son rapport prix/équipement peu favorable
Le Rieju Nuuk Urban n’a pas encore de vrai concurrent sur le marché des deux roues électriques. Mais son tarif de 6999 € en version 10,5 kW (15 ch équivalent 125 cm3 avec permis auto) ou de 5999 € en version 4 kW (5 ch équivalent 50 cm3 sans permis), le place nettement au-dessus des meilleurs scooters thermiques 125 cm3 du moment comme le Honda Forza (5099 €) ou le Yamaha X MAX (4999 €). Des véhicules plus cossus qui disposent d’un coffre avec des rangements, d’un pare-brise, de l’ABS ou encore d’une clef main libre.
Le Nuuk se contente d’un dossier de selle relevable, de repose-pied ajustables et d’optiques à LED aux fils électriques apparents. La différence de prix semble donc délicate à justifier même si le deux-roues électrique ne consomme pas d’essence (entre 3 et 4 l/100 km pour un 125 cm3), réclame moins d’entretien et bénéficie d’un bonus écologique de 900 €.
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